Une roulotte tzigane est installée dans un coin de prairie à la Ferme des Ânes.
Toute pimpante avec ses couleurs vives, elle est romantique à souhait. Surtout, elle donne à ceux qui l'habite des envies de voyage et de liberté...
Si la culture tzigane nous est relativement familière, notamment au travers de la musique, les origines et l'histoire de ce peuple nomade reste souvent mystérieuse.
Nous avons eu envie d'en savoir un peu plus...
Nord-ouest de l'Inde, Xème siècle : quelques milliers de Tziganes entament un périple quasi-légendaire vers l'Asie Mineure. La tradition veut qu'ils soient envoyés
par un monarque Indien à son cousin Persan pour exercer auprès de ce dernier leurs talents de musiciens.
Perse, Syrie, Turquie... Les tribus se séparent alors en deux grands flux : une branche se stabilise un moment au sein de l'Empire Byzantin (qu'elles quitteront lorsque les guerres à
répétition rendront leur situation très inconfortable). L'autre flux descend plus au sud et atteint l'Egypte. Cette branche égyptienne donnera plus tard les noms Gitanos en Espagne,
Gitans en France, Gispies en Angleterre.
Le terme Tzigane trouverait quant à lui son origine dans le nom D'Atsinganos, qui signifie "intouchables" et désigne une vielle secte hérétique d'Asie
Mineure. Une autre appellation est apparue sous l'impulsion de la littérature romantique du XIXème siècle : il s'agit de Bohémiens, terme qui se réfère à un épisode historique :
l'établissement d'une lettre de protection par l'empereur Sigismond de Bohême au XVème siècle. Les Romantiques s'intéressent aux tziganes, dont le mode de vie est synonyme à la fois de
liberté et de mystère. La "Vie de Bohême" devient l'expression consacrée pour évoquer une vie en dehors de toutes contraintes et insoumise aux lois de la société.
La présence de Tziganes est attestée en Grèce, en Crète à Corfou et dans les Balkans avant 1350.
On signale un groupe de nomades "foncés de peau" qui s'établirent en Allemagne du nord vers 1417, puis aux Pays-Bas . Pour ces Tziganes venus par le nord de l'Europe, on parle de
Manouches.
Les Roms sont les Tziganes qui s'établissent alors en Europe centrale : Bulgarie, Roumanie...
Les premiers Tziganes sont signalés aux portes de Paris en 1427.
Issus de contrées lointaines et inconnues, les Tziganes apportent avec eux une culture teintée de magie qui attise la curiosité autant qu'elle inspire de grandes craintes. Dans l'esprit des
Européens d'alors, la sorcellerie n'est jamais bien loin...
Les Tziganes s'illustrent dans des métiers particuliers : forgerons, dinandiers, orfèvres, maréchaux-ferrants, dompteurs-d'ours, ménestrels, prestidigitateurs, éleveurs et marchands de chevaux,
charretiers, musiciens et danseurs.
Ils sont surtout réputés pour leur maîtrise des "Arts magiques" : jeu de tarot, astrologie, interprétation des rêves, sortilèges d'amour, magie blanche et noire, fabrication de remèdes et potions
pour guérir hommes et animaux...
Les textes sanskrits associent étroitement dans la culture tzigane (la musique, la danse) au travail de la forge et au feu. C'est autour du feu, pivot de l'existence des Tziganes forgerons,
que se transmettent les croyances et les règles de la vie nomade dans une atmosphère pétrie de sacré et de mystère.
Dans le prolongement de son activité de forgeron, le Tzigane est également maréchal-ferrant et le cheval est son inséparable compagnon.
Dans la culture tzigane, le cheval accompagne les âmes des défunts dans le monde des morts et il joue un rôle important dans certains rituels.
Bien sûr, la chair du cheval n'est jamais consommée et lorsque l'animal vient à mourir, on l'enterre selon des rites très stricts car il représente aussi un symbole d'immortalité.
L'arrivée de Tziganes en Europe provoque de nombreuses interrogations avant de soulever une franche hostilité. La cohabitation entre des cultures aussi différents est difficile. Quand les tziganes arrivent en France au XVème siècle, l’accueil qui leur est fait est d'abord tolérant mais ils sont tenus hors des enceintes des villes.
Les états d’esprit changent à la Renaissance avec l’affermissement du pouvoir central, l’établissement des frontières et la chasse aux vagabonds. Des lois sont alors édictées visant à la dislocation des tribus tziganes.
Au XVIIème siècle, la répression est systématique.
A partir du XVIIIème siècle, déportation, exclusion et marginalisation seront le lot des populations tziganes.
Enfin, plus près de nous, le nazisme exterminera quelques 500 000 individus.
Tout au long de cette histoire, des groupes n’ont cessé de se sédentariser et les régimes autoritaires, comme ceux de la Hongrie ou de la Roumanie socialistes et de l’Espagne franquiste, ont sédentarisé de force les tziganes qui vivaient sur leur sol.