C'est le plein boum ! L'agenda des ânes déborde de partout. Les créneaux sont tous pleins pour la semaine à venir. Grandes, moyennes et petites randonnées confondues.
C'est un moment très excitant, le mois d'août, mais qui demande d'avoir la tête bien accrochée sur les épaules. On lit attentivement les fiches de réservation chaque soir, avant de préparer le « casting » du lendemain. Un casting ? Eh oui : quel âne choisir pour quelle promenade ? Voilà tout un art, qui demande de bien connaître ses animaux et de savoir dans quel exercice chacun est à son meilleur. Il faut aussi guetter le coup de fatigue, les petits signes qui annoncent qu'il leur faudra se reposer...
Une journée à la ferme commence toujours au petit matin, par une visite au troupeau. C'est l'occasion d'une courte promenade à la fraîche, dans les bois ou dans les prés. Ça dépend de là où sont les ânes. C'est un moment paisible et méditatif, idéal pour se concentrer avant le coup de feu de 10 heures.
J'emporte avec moi quelques outils de pansage. Les animaux qui ne travailleront pas sont brossés en liberté dans leur pré. C'est un soin qu'ils réclament volontiers. Les autres seront nettoyés bien à fond, un peu plus tard. J'ai pris aussi les licols qui me serviront à remonter ceux que j'ai choisis, jusqu'à la ferme. J'en emmène toujours un peu plus, au cas où, pour la « promenade surprise » : celle qui n'était pas prévue et qui arrive parfois ! Plusieurs voyages seront nécessaires pour amener tout le monde jusqu'au paddock. Je ne prends pas plus de 3 ânes à la fois. Au-delà, ils sentent que je ne peux plus les tenir correctement et en profitent pour faire des bêtises.
Dans les yourtes, les lève-tôt ont la joie d'assister à cette transhumance miniature. C'est une fête ! Presque un moment VIP. En arrivant, les ânes savent ce qui les attend. Ils se mettent déjà en condition pour le travail. C'est la force du rituel !
Ils rentrent un par un dans le pré sous la roulotte. Je leur remplis le baquet d'eau fraîche, car certains vont partir pour la journée et n'ont peut-être pas encore bu.
Maintenant que j'en ai fini avec les animaux, je peux me mettre à préparer le matériel. Je sors les bâts de tout le monde, les sacoches, les grandes longes. La caisse remplie de brosses,
d'étrilles et de cure-pieds est tirée hors de la sellerie. Elle trône bientôt au milieu de l'espace de travail.
Enfin, tout est prêt. C'est l'heure de faire une petite pause.
Je monte à l'accueil prendre un café au soleil. On en profite pour faire le point sur ce qui nous attend ou sur l'humeur des bêtes. Pendant que nous parlons, nos hôtes viennent chercher leurs petits-déjeuners. Ils ne repartent jamais sans avoir fait au passage une caresse au chat ou au chien. C'est que l'un comme l'autre aiment se poser devant la porte, au soleil : à la meilleure place.
Soudain, je regarde ma montre et sursaute. Il est l'heure de s'y remettre ! Je descends les marches qui m'emmènent au paddock. Je rentre chercher mes ânes par groupes de 2 ou 3, toujours. Les hôtes de la roulotte, installés avec une tasse fumante à la main me regardent faire. C'est mieux que les écrans ! Surtout si Nutella veut sortir avant Image et bouscule tout le monde !
Quand tout le monde est attaché à la barre, je peux commencer le pansage. Les fourrures sont peignées et lissées avant de fixer les bâts sur le dos des bêtes. Oh, ce n'est pas juste pour faire joli, cette séance de toilettage. C'est surtout pour enlever les cailloux, le sable ou les bouts de bois coincés dans les poils. Ça pourrait blesser notre petit monde.
Enfin, voilà, il va être 10 heures et tout est fini. Les ânes sont prêts. Il ne reste plus qu'à attendre l'arrivée des randonneurs. Espérons qu'ils seront à l'heure au rendez-vous...